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XXVIII
Ingres à Gilibert.
5 février 1830.

Mon cher ami, nous sommes pénétrés de douleur pour toi ; car tu sais que tu es pour nous un autre nous-même. Quel coup terrible à supporter, que celui de la privation d’une mère et si bonne ! Je l’ai toujours tant aimée, l’excellente Femme ! Mais aussi, quel bon fils tu as toujours été pour elle ! Que de douceurs et de consolations tu lui as données, dans sa longue carrière ! Cette idée vaut bien quelques adoucissements pour ton cœur et, quoique rien ne console dans ces tristes moments, c’est bien quelque chose de n’avoir rien à se reprocher, que tout le monde le pense et le sache bien à ton honneur et grande estime. Regarde autour de toi : tu n’y vois que de vrais amis et surtout une tendre épouse, digne en tout de te consoler et te rendre heureux. Du courage : il t’en faut aussi pour elle et pour lui épargner, surtout dans ce moment, de trop fortes émotions qui pourraient aggraver l’état sacré où elle se trouve. Vivons dans l’espérance d’un avenir exempt de nouveaux malheurs : que le bonheur puisse, toute ta vie, (accompagner et te la faire aimer. Si ton ami de cœur y peut quelque chose, il en saisira toutes les occasions. En attendant, reçois nos consolations bien senties et crois-nous, avec ma bonne femme, les meilleurs amis.