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à son excellente Madame, combien nous sommes sensibles à ce qu’elle veuille penser de ma femme. Nos hommages à elle et à ses belles amies. Adieu mon cher : sarai servito in tutto.

Madame Ingres à Gilibert,

Que vous êtes bon, mon cher Monsieur Gilibert, et que votre amitié nous est chère ! La mienne n’est pas l’ouvrage d’un moment. Il y a quinze ans que mon Ingres m’a appris à vous aimer, comme l’ami le plus cher à son cœur. En vous voyant, je n’ai jamais pensé que c’était pour la première fois. Il me semblait que cela durait depuis longtemps. Je voyais en vous, non pas un ami, mais un frère avec qui j’avais besoin de penser tout haut. Votre départ a été si prompt, que j’en suis encore tout attonita, et je ne puis me faire à l’idée de ne plus vous voir partager nos plaisirs et causer avec vous, dans ce petit boudoir où nous nous plaisons à contempler votre portrait. Il lui manque un pendant et vous savez, cher ami, ce que vous nous avez promis. Il faut absolument nous tenir parole et nous amener votre chère femme que j’aimerai, je le sens, de tout mon cœur. J’espère que, cette fois, la visite ne sera pas de cérémonie, et que nous prendrons notre temps, et que nous ferons des projets pour l’avenir. Dites-moi, mon cher, qui nous empêchera quand nous aurons acquis une honnête indépendance, de nous réunir tous les quatre ? Car il est impossible que nous vivions toujours séparés, les