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Depuis ton départ, notre réduit nous parait désert. C’est hier que nous avons inauguré ton portrait. C’est quelque chose de toi, mais…

Nous avons entendu Baillot deux fois (et sans toi !!) et, de plus, le fameux Henri III par billet. Je te dirai, (mais à l’oreille, car comme chef classique je ne puis trop le dire), je me confesse d’y avoir eu plaisir. Pour moi, c’est beaucoup de voir les hommes peints tels qu’ils sont. D’ailleurs, la mise en scène, comme mœurs et costumes, est effrayante de vérité et d’intérêt. Baillot, toujours sublime ! Et, demain, ce sera la dernière fois et tu n’y seras pas. Pends-toi, Gilibert, mais au cou de celle qui va faire le bonheur de ta vie. Sois heureux cher ami ; tu dois l’être par elle, parce le style c’est l’homme. Dis-lui, pour nous, comme nous l’aimons d’avance.

J’ai enfin fini la Chapelle, mais l’Œdipe a besoin d’une semaine de traitement pour rétablir sa santé. Que je suis désolé, que tu ne l’aies pas vu ! Il aurait réhabilité le drôle d’effet qu’a dû te produire le Jupiter. Les deux restaurations sont parfaites. On ne peut distinguer aucune blessure au Jupiter. J’ai enfin vu le Sacre. L’auteur serait venu, dit-il, exprès à l’Institut pour m’inviter a lui en exprimer ma pensée. Je te dirai donc que c’est une de ses belles œuvres, mais que c’est encore un ouvrage qui ne nous a pas donné d’insomnie, (ceci entre nous).

Tu as été bien aimable de nous apprendre que tu es bien arrivé, content et heureux. Je t’embrasse