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vous écrivais tous les jours. Mais je sens que ce n’est pas assez, surtout vis-à-vis d’un pareil ami dont, plus que personne, j’apprécie tant le bon esprit, le parfait jugement, le goût sur et le beau talent. Je n’oublierai jamais de ma vie les véritables services que vous m’avez rendus, la grâce et le dévouement de votre cœur et enfin les délicieux moments que nous avons passés en des moments plus qu’agités et pressés, où nos opinions harmonieuses et nos causeries d’art nous ont à jamais affermis dans des principes que nous croyons vrais à jamais et profitables. Le terrain que vous avez quitté est encore plus âpre, s’il est est possible. Pour vous, ce temps a été de fer. S’il avait dépendu de moi, il aurait été d’or. Je vous dirai donc que tout se perd ici. Tout y est, comme étranger et comme un corps humain qui se glace et s’éteint. L’oubli total viendra ensuite suivi de l’industrialisme aidé bientôt du « qu’est-ce que cela prouve ». Bonsoir ! Je ne veux cependant pas dire que les sciences ne soient pas utiles, de première nécessité. Mais vivre sans les arts ! Bien sûr, ils sont nécessaires aux mœurs et à la morale, sans parler de la gloire où ils peuvent mettre une nation.

Il n’en est pas moins vrai qu’aujourd’hui même, à Paris, il n’y a que les ouvrages des Tabarins artistes dont on s’occupe, et encore… Quant à ceux qui ont quelque solidité, quelque reste de principes, on n’en veut plus. Quant à moi, je ne vends pas mes tableaux quoique, par un je ne