Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 197 —

donc un grand courage, pour se faire jour ; témoin Boguet, peintre excellent, paysagiste à moi et dont notre ami a plusieurs des qualités. Cet homme, le successeur du Guaspre et de Claude, est encore, à l’âge de 70 ans, à avoir ce qui s’appelle un succès du public, et il n’a pour lui qu’un très petit nombre, une très petite quantité d’artistes qui le voient et l’admirent. Sa touche est, dit-on, molle et, d’après cela, on le laisse dans l’oubli. Il est cependant un peintre admirable. Au reste, nous en sommes là et je suis tout étonné que l’on veuille seulement me regarder. Tous les partis sont pour moi. Je n’y conçois rien.

Mais revenons à Debia. Il vient de terminer ses Nymphes et il a vraiment l’ait un excellent tableau, qui a beaucoup plu à tous les bons. Il a aussi plus de force et de charme sans noirs, car la plupart de ses tableaux avaient ce défaut, surtout celui de la Vue du Jardin de l’Évéque. Il l’a senti et il ne fera plus noir. Il a un si bon esprit, il aime tant mes idées, il a tant de confiance en moi que j’en suis fier, et c’est de bonne foi. Par le zèle le plus vif que j’ai pour sa réputation et son talent, je me permets de ne lui rien cacher et, au total, j’aime beaucoup tout ce qu’il fait. Je dois dire aussi que ses tableaux sont horriblement placés au Salon, quoi que j’aie pu dire et manifester à ceux qui ordonnent les places et les réputations. On l’ouvrira dans deux jours, ce Salon, et nous verrons s’ils auront mieux placé ces Nymphes. Il a aussi l’estime de Gérard et de