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connais pour les Anciens. J’ai assisté à une soirée musicale de quatuor, de Baillot. Rien n’est comparable à ce qu’il a joué et, lui, il est sublime.

Une autorité, par son principal agent, m’a proposé de peindre à l’huile un sujet à mon choix, un grandissime tableau dignement payé. Vois comme je vais être occupé. Et ce, disent-ils, pour ce qu’ils veulent que je sois et que je dois être, (ceci entre nous).

Je te remercie, mon ami, de la bonne biographie que tu me donnes, de nos amis de Montauban. Dis-leur combien je les aime et les estime, combien je les ai dans mon reconnaissant souvenir, et surtout les excellents Debia frères et leur digne famille dans la personne de Mme et de leur aimable oncle. J’ai toujours, de loin, les yeux sur les ouvrages du premier, sur le portrait de ces yeux de Vénus dont je ferais ici bien volontiers la tête de l’Odyssée. Je revois ses paysages poussino-montalbanais. Dislui qu’il copie, et il se fera admirer. Embrasse-les de cœur, lui et son aimable frère, de même que le sage et aimable Pilât dont les qualités sont nombreuses à décrire autant que belles. Et toi, cher ami, qui complètes si bien cette compagnie, jouis de l’heureuse vie que tu coules, en attendant cependant que nous la finissions ensemble. Cela est convenu ; ta chambre est faite, songes-y. Arrange-toi pour y venir, à l’époque du Salon.

Enfin, nous voici au dindon. Jamais, non jamais, plus belle bête et truffes plus généreuses et parfumées ne furent présentées à l’admiration et à la