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veillance dont elle est remplie, qu’elles en ont effacé tout souvenir fâcheux pour faire place à la plus sincère reconnaissance, et ce dernier sentiment y vivra éternellement. C’est à moi. Monseigneur, de regretter, au milieu de mon bonheur, de n’avoir pas joui de celui de faire la connaissance d’un aussi digne prélat, dont le rang élevé est encore au-dessous de ses qualités personnelles, et dont le suffrage éclairé est si bien fait pour inspirer de l’orgueil.

L’accueil que j’ai reçu de mes compatriotes m’avait tellement ému, que j’ai peut-être été trop sensible à des procédés dont les formes dures cachaient la bonne intention, et auxquels je n’étais pas préparé ; voilà pourquoi j’ai pris pour de la malveillance ce qui n’était sans doute que l’effet d’un zèle un peu outré. Votre indulgente bonté, Monseigneur, a tout réparé ; aussi n’ai-je pu résister de vous dérober un moment de votre temps précieux, pour vous remercier de l’intérêt que vous avez bien voulu prendre à cette affaire, vous exprimer, autant que je le puis, ma gratitude et mon respect. Plein de confiance en votre prudence et en vos lumières, Monseigneur, j’attendrai le moment que vous jugerez opportun pour satisfaire au juste désir que je forme de voir mon tableau rétabli dans un état primitif, me bornant à vous indiquer ici Mrs Gilibert et Debia, mes amis et pratiquant eux-mêmes l’art de la peinture, pour faire tout ce qui sera nécessaire à cet effet.

Daignez, Monseigneur, ajouter à toutes vos bontés celle d’agréer l’expression trop faible de mon entier dévouement et de mon profond respect. J’ai l’honneur d’être, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,

J. Ingres, Membre de l’Institut.

(Fonds Jules Momméja)