Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 133 —

est anti-belle et pittoresque, et aussi en raison du peu de gain qu’on en retire.

Mais je quille ces matières pour en aborder une autre, qui a bien son mérite aussi. Je veux parler de ta dinde, cher ami. Je t’en remercie mille fois : elle a été trouvée divine, parfumée de truffes vraiment généreuses ; car nous en avons mangé, presque toute la semaine. Je ne l’ai partagée qu’avec mes meilleurs amis. Tu y manquais, comme celui qui est le plus dans le cœur. Nous avons bu à ta santé. Allaux en était. Mais, comme tu es bon ! Quel aimable soin tu as pris ! Ma bonne femme et moi, nous l’en remercions de tout cœur.

L’affaire de notre pauvre Gentillon m’a touché bien sensiblement. Tu me rassures un peu sur sa position, et j’y crois puisque tu t’y intéresses si généreusement. Mais quelle cruelle leçon pour marcher droit et éviter, dans le commerce de la vie, de s’embarquer vers des choses ténébreuses et qui peuvent, tout en paraissant innocentes, effleurer l’honneur et la réputation. Que Dieu puisse les lui conserver. Écris-moi sur ce qui le regarde et fais cesser mon anxiété. Je ne reviens pas de cette coupable affaire. Est-ce possible ?

Quant à notre tableau de la Vierge, sois sans inquiétude ; il ne dépendra pas de moi que notre chère patrie n’en jouisse, quoiqu’on le regrette beaucoup ici et que, (mais confidentiellement je te prie), on ait manifesté plus d’une fois le désir de le retenir pour Notre-Dame ou pour le Val-de-