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mais je ne, dois, Dieu merci ! rien à personne, encore que j’aie très peu gagné ou, pour mieux dire, rien. J’ai bien des choses à dire, dont ceci est la substance. Cependant l’espoir d’un meilleur avenir soutient mon courage.

Avec quelle sensibilité n’avons-nous pas vu l’expression de ton bon cœur et de ta généreuse amitié ! Que veux-tu et que peux-tu faire par la suite, pour ton ami ? J’ai tant à faire, moi, pour m’acquitter et reconnaître ce que tu as déjà fait pour moi, que ma vie entière ne sera consacrée qu’à ma reconnaissance. Ma chère femme partage mes sentiments d’amitié pour toi. Je ne puis, cette fois, répondre à tout ce que tu me dis ; mais tu auras tant à faire pour lire mon gribouillage, que je te prie de me pardonner. Je n’ose te prier de me répondre de suite, je n’ai plus ce droit-là…

XI
Florence, le 24 décembre 1822.

Bien cher ami, tu veux bien trouver quelques qualités dans mon galimatias. C’est à ton amitié que je dois une pareille justice, ou mieux indulgence. Il est naturel de voir ses amis en beau, excepté cependant quand ils tomberont dans le faux. Alors c’est de la vraie amitié, de la charité ; car cette qualité-ci n’est pas seulement de donner dans la main, mais d’assister, de redresser et de fortifier l’âme et le cœur par des conseils éclairés et sincères pour la conduite de la vie, et surtout