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cercle nombreux, restée seule avec sa conscience qui la condamne, et sur le point de recevoir les justes réprimandes d’un tuteur et d’un ami. Elle est toujours belle, mais son visage n’est plus le même ; son teint est plus pâle, ses joues plus alongées ; sa taille même semble s’être raccourcie ; son air, l’ensemble de ses traits, tout est changé.

Dès qu’elle fut arrivée à la porte du cabinet, elle ouvrit avec une agitation dont à peine elle eût pu se rendre raison à elle-même, et elle parut aux yeux de Dorriforth dans l’état d’altération où nous venons de la représenter. Celui-ci était bien décidé à lui parler sévèrement, et son air annonçait d’avance sa résolution ; mais, dès qu’il eut jeté les yeux sur sa pupille, il se fit un changement subit dans son ame et sur son visage.

Miss Milner s’arrêta, comme n’osant approcher. Dorriforth hésita, comme cherchant ce qu’il devait lui dire. Au lieu de retrouver le ton qu’il s’était préparé à prendre, il sentit sa voix s’adoucir d’elle-même, et, sans trop savoir ce qu’il disait, il commença ainsi :

« Ma chère miss Milner. »

Elle s’attendait à le trouver irrité, et dans la prévention où elle était, la douceur de son tuteur fut perdue pour elle ; elle s’imagina que les mots qu’il avait prononcés devaient être des mots sévères, et elle continua de trembler, quoiqu’il l’assurât plusieurs fois qu’il n’avait que des avis à lui donner, et non des reproches à lui faire.

« Quant à ces petites altercations entre M. Sandford et vous, lui dit-il, je serais partial si je vous blâmais plus que lui. J’avouerai pourtant que, vu son âge et son caractère, la manière libre dont vous le traitez parait beaucoup plus sérieuse que les torts qu’il peut avoir envers vous. Cependant, s’il provoque vos répliques, c’est à lui