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Miss Milner fixa les yeux sur la table qui était devant elle.

« Milord, répliqua madame Horton, je vous souhaite de même la santé et le bonheur. »

Il vint ensuite à miss Woodley, et lui prenant la main, lui répéta à peu près les mêmes mots qu’ils avait dits à madame Horton. »

Miss Milner commençait à trembler si fort, que son émotion était visible.

« Milord, répondit miss Woodley très affectée, j’espère que mes prières pour votre bonheur seront exaucées. »

Elle et madame Horton étaient debout, aussi bien que milord ; mais miss Milner resta assise jusqu’à ce qu’elle vit son tuteur se tourner de son côté et venir à elle ; alors elle se leva ; la compagnie, attentive à ce qu’il allait lui dire et à la manière dont elle lui répondrait, fixait les yeux sur l’un et sur l’autre, et attendait avec impatience. Leur attente fut trompée — il ne prononça pas un seul mot ; seulement il prit sa main et la tint serrée entre les siennes ; puis la saluant du ton le plus respectueux, il s’éloigna d’elle.

— Ni ces mots : « Puissiez-vous être heureuse. » — « Je fais des vœux pour votre bonheur ! » — « Veuille le ciel vous combler de ses bénédictions ! » — ni même celui d’adieu n’échappa de ses lèvres. Peut-être quand il l’aurait voulu, n’aurait-il pu articuler la moindre parole.

Miss Milner avait, toute la soirée, conservé son courage, et il ne l’abandonna qu’au moment où milord se sépara d’elle. Alors ses yeux se remplirent de larmes, et dans les angoisses de son cœur, ne sachant plus ce qu’elle faisait, elle porta sa main froide et tremblante sur la personne qui était à côté d’elle. Il se trouva que c’était Sandford ; sans s’apercevoir que c’était lui, elle saisit sa main