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CHAPITRE XXV.


Miss Woodley désobéit pour la première fois à M. Sandford ; car, dès qu’elle fut seule avec miss Milner, elle lui répéta ce qu’elle avait appris de lui, en accompagnant cette confidence de tout ce que lui inspirait sa tendre amitié. Mais quand le génie de Sandford aurait été au milieu d’elles, il n’aurait pu disposer l’esprit de miss Milner à recevoir cet avis d’une façon plus directement contraire à l’intention dans laquelle il lui était donné ; au lieu de trembler de la menace de milord Elmwood. « Eh bien ! qu’il l’exécute, répondit-elle, mais il n’oserait. »

— « Pourquoi n’oserait-il ? » répondit miss Woodley.

— « Parce qu’il m’aime trop pour cela, parce que son propre bonheur lui est trop cher. »

— « Je crois qu’il vous aime, répliqua miss Woodley ; mais cependant on peut douter que… »

— « Je ne veux plus qu’il reste aucun doute, s’écria miss Milner, je saurai le mettre à l’épreuve. »

— Ô honte ! ma chère, vous ne songez point à ce que vous dites ! Qu’entendez-vous par le mettre à l’épreuve ? »

— « J’entends que je lui donnerai de ces sujets de plaintes qu’un homme prudent ne doit pas pardonner ; et vous verrez qu’avec sa rare portion de prudence, il pardonnera et qu’il sacrifiera le ressentiment à l’amour. »

— « Mais si le contraire arrivait, s’il sacrifiait l’amour au ressentiment ? »

— « Eh bien ! je n’aurai perdu qu’un homme qui n’a pour moi aucune considération. »