sur son visage ? Croyez-moi, miss Milner, tant qu’au milieu de la vie la plus dissipée, vous continuerez de rougir ainsi, je croirai devoir révérer vos sentimens intérieurs. »
— « Oh ! milord, si tous mes sentimens vous étaient connus, il en est, je le crains bien, que vous ne pourriez pardonner. »
Ces mots allaient si directement au but, que miss Woodley commençait à s’alarmer ; elle avait tort. Miss Milner aimait d’un amour trop sincère pour se trahir devant l’objet aimé.
Il répondit :
« Et si tous les miens vous étaient connus, peut-être il en est que vous trouveriez de même impardonnables. »
Elle pâlit, et sa main n’eut plus la force de conduire son aiguille ; aveuglée par ses espérances, elle s’imagina que l’amour de milord pour elle était un de ces sentimens dont il parlait. Comme son trouble l’empêchait de répondre, milord continua :
« Nous avons beaucoup à nous pardonner l’un à l’autre, et je ne sais pas si l’ami officieux qui veut absolument qu’on suive ses bons avis, n’est pas aussi répréhensible que celui qui s’obstine à ne pas les entendre. Après cette préface, qui peut d’avance vous servir d’apologie, dussiez-vous encore vous refuser à mes conseils, je vais hasarder de vous faire connaître ce que je désire. »
— « Milord, je n’ai jamais refusé de suivre vos avis, si ce n’est lorsque mon propre bonheur y était tellement intéressé, que trop de déférence de ma part eût été condamnable. »
— « Eh bien ! mademoiselle, je me soumets à vos propres déterminations, et je ne m’opposerai plus au parti que vous paraissez vouloir prendre de ne point vous marier. »
À ces paroles, qui ne prouvaient que trop combien il