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Les cuirasses d’acier ont des reflets étranges ;
Aymon de Vinéis et Pierre de la Tour
Sont de garde au drapeau qu’un long frisson parcourt,
Et le toast est porté par Guillaume de Granges.

« Honneur aux de Rarogne, honneur à leur maison !
» Sénéchaux et majors, barons et gentilshommes,
» Nous jurons de défendre ici, tant que nous sommes, »
Wuischard, et de mourir pour l’aigle du blason ! »

Et crispant dans ses mains blanches comme l’ivoire
Son calice de bronze où fume l’hydromel,
Le comte se leva, superbe et solennel :
« Soyez remerciés, dit-il, par l’Aigle noire !

» Par mon féal aïeul qui vous fit chevaliers
» Et dont l’image ici sourit à la muraille,
» Je bois à vous, Seigneurs, je bois à vos lauriers,
» Qui, vainqueurs, me suivrez demain dans la bataille ! »
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Mais quand l’aube apparut dans le ciel pâlissant,
Beauregard n’était plus que ruines fumantes :
Le burg avait été vaincu par la tourmente,
Et le Rhône, là-bas, roulait des flots de sang.