Page:Imer-Cuno - Au foyer romand, étrennes littéraires, 1906.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais comme un chêne altier, montrant à son écorce
Plus d’une entaille, rit de l’effort des autans,
Rarogne dans son burg, superbe dans sa force,
Se raille des fureurs sourdes des paysans.

Au grondement fiévreux des discordes civiles,
Les vidâmes, montés sur leurs blancs palefrois,
Font promener la Matze à travers bourgs et villes,
Et sonner le tocsin aux créneaux des beffrois.

Ô Matze des aïeux, dont le manteau difforme
S’ouvrit avec orgueil aux morsures des clous,
Arbre de liberté que le peuple en courroux
Dressa pâle au-dessus de la tempête énorme !

Symbole vers lequel, pressés comme des flots,
Sont montés les espoirs de la plèbe meurtrie,
Les aspirations des serfs, et les sanglots
Des mères et des sœurs priant pour la patrie !

Les ligueurs, maintenant, le clan des montagnards,
Bravent insolemment l’éclair de ta prunelle,
Aigle au cimier comtal dont l’aigrette étincelle
Sur la pourpre et l’azur pâlis des étendards.

Un ferment corrupteur d’émeute et de révolte
Enracine la haine au cœur des asservis ;
Le peuple ne veut plus engraisser ses baillis,
Qui dévastent ses champs et pillent ses récoltes.