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Lohengrin. Il se lance dans cette entreprise audacieuse avec ses propres ressources.

En dehors des difficultés inhérentes à la réunion des éléments artistiques devant concourir à l’exécution la plus parfaite d’un drame lyrique n’ayant que de faibles attaches avec les traditions de l’ancien opéra, il y avait à procéder à l’installation d’un théâtre encombré par un matériel absolument différent de celui dont la nécessité s’imposait. Rien n’arrêta le vaillant chef d’orchestre : il avait trouvé, il est vrai, pour l’aider dans une tâche aussi ardue, un jeune compositeur de premier ordre, un fervent adepte de la révolution opérée par Richard Wagner avec le drame musical, Vincent d’Indy. Il lui confia la direction des études chorales et de la musique de scène. On sait quel admirable parti l’auteur de la Trilogie de Wallenstein tira de ses choristes qui, dès le début, avaient été tellement désorientés qu’ils avaient déclaré impossible à chanter le chœur si mouvementé peignant le brouhaha et l’inquiétude de la foule à l’arrivée du cygne.

Depuis le 27 janvier 1887, Vincent d’Indy avait fait quarante-six répétitions de chœurs au foyer, six ensembles, vingt répétitions en scène au piano, cinq avec orchestre et deux répétitions générales.

Tout marchait donc à souhait et, le 20 avril, Lamoureux avait adressé au rédacteur en chef du Figaro une lettre expliquant les motifs qui l’avaient amené à s’abstenir de convier la presse à une répétition générale, lorsque survint sur la frontière franco-allemande l’incident de Pagny.

À l’époque où Lamoureux avait songé à monter Lohengrin à l’Éden, il ne pouvait prévoir que nos relations avec l’Allemagne deviendraient plus tendues. Ne