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Ce fut en 1885, le 8 novembre, que Lamoureux transporta le siège de la Société des nouveaux concerts du théâtre du Château-d’Eau à l’Éden, — puis, le 30 octobre 1887, de l’Éden au Cirque d’Été. La vogue l’y suivit et les amateurs, appartenant à la classe riche, se montrèrent empressés à suivre les séances de musique symphonique.

Avant de remémorer les œuvres principales qui y furent données, nous parlerons d’une tentative qui est et sera peut-être le point culminant de la carrière artistique du musicien, dont nous avons entrepris d’esquisser la physionomie.

Charles Lamoureux s’était pris d’une profonde admiration pour l’œuvre de Richard Wagner ; il en avait donné déjà des preuves incontestables en faisant interpréter dans les concerts dirigés par lui les fragments des plus belles créations du maître. Le but qu’il poursuivait était de communiquer son enthousiasme à ses compatriotes et de révéler au public français un art d’essence absolument supérieure. Mais les œuvres fragmentées exécutées jusqu’à ce jour par son orchestre lui paraissaient insuffisantes pour accuser le relief de ces œuvres grandioses, créées absolument pour la scène et dont la puissance (musique, poésie, peinture, mimique) ne pouvait arriver à son summum d’expension que dans le cadre imaginé par leur auteur.

Certes, il était impossible de songer à un théâtre machiné comme celui de Bayreuth ; c’eût été l’idéal.

À défaut de ce temple de l’art musical, Lamoureux tourne ses vues vers l’Éden et, après avoir conclu les traités nécessaires avec les propriétaires, il se met courageusement à l’œuvre et prépare la mise en scène de