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autrefois l’avait si souvent entretenu un de ses maîtres, Chauvet, au majestueux Hændel, à Mendelssohn, à leurs grandes pages sacrées presque inconnues en France. Il voulait avoir un orchestre, des chœurs à lui et les conduire à l’assaut des belles et difficiles partitions des Olympiens. Il s’était déjà, du reste, essayé dans le métier de chef d’orchestre, et, si nos souvenirs sont exacts, c’est en 1863 dans un concert donné par Henri Fissot à la Salle Herz qu’il prit pour la première fois le bâton de commandement. Cette journée, dans laquelle s’était révélé le batteur de mesure, eut des lendemains heureux. Après avoir été reçu à la Société des concerts du Conservatoire et en être devenu le second chef d’orchestre, il part pour l’Allemagne, où il se lie avec Ferdinand Hiller, puis pour l’Angleterre, où il étudie, avec Michaël Costa, l’organisation des grands concerts de Londres. Il assiste à ces merveilleuses auditions des chefs-d’œuvre de Bach, de Hændel, de Mendelssohn, à ces concerts monstres du Palais de Cristal, devenus de véritables institutions nationales. Le Hændel-Festival, qui a lieu tous les trois ans et dure plusieurs jours, nécessite un ensemble fabuleux de 3300 voix et de 500 instruments. Les grandes villes de l’Angleterre, les maîtrises des cathédrales fournissent un nombreux contingent de chanteurs : tous concourent à l’exécution la plus parfaite de ces majestueux oratorios, dont la splendide architecture peut rivaliser avec celle des grandioses spécimens de l’art gothique. Sous la direction du célèbre Michaël Costa [1], devenu pour ainsi dire l’arbitre de la musique en Angleterre, Charles Lamoureux pénètre dans les arcanes de ces grands concerts

  1. Depuis la mort de Michaël Costa (1883) les grands concerts du Palais de Cristal ont été dirigés par M. Manns.