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procura l’invention de son beau-père. Les belles entreprises musicales, dues à son initiative, furent menées à bien avec ses propres ressources.

Puisque nous avons rappelé l’étude qu’Émile Bergerat consacra à Charles Lamoureux, à la veille de l’unique représentation de Lohengrin à l’Éden, n’omettons pas de citer le début très humoristique de l’article : « La première fois, en ce monde, que Charles Lamoureux m’est apparu, ce fut à un repas de noces chez Gillet, Porte-Maillot, et tout de suite je compris que j’allais aimer cet homme-là ! Il s’avançait en effet, d’un pas de grand-prêtre, vers la mariée, tenant, de la droite, un verre de vin rouge, et, dans la gauche, un verre de vin blanc ; après un joli discours il procéda au mélange symbolique ; c’était une allégorie mystique et facétieuse des joies pures de l’Hymen. Cette cérémonie, si auguste dans sa simplicité et qu’aucun culte ne renierait, était entièrement de son invention. Elle signait son harmoniste. Tout le cortège l’imita et il en résulta une allégresse générale. »

Et la prédiction par laquelle se terminait l’étude de Bergerat s’est trouvée réalisée : le petit homme a monté Lohengrin à l’Opéra.

De sa première femme Charles Lamoureux a eu une fille du naturel le plus charmant, excellente musicienne, qui a épousé le jeune compositeur Chevillard, fils du regretté violoncelliste.

Mais la musique de chambre était une scène de trop minime importance pour satisfaire les hautes visées qui hantaient l’esprit actif de Charles Lamoureux. Il pensait au vieux cantor de Leipzig, Jean-Sébastien Bach, dont