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données avec le concours de MM. Colblain, Adam, Poëncet et Henri Fissot, auxquels vinrent s’adjoindre plus tard MM. E. Demunck et A. Tolbecque. On y exécute les compositions des grands maîtres, qu’ils se nomment J. S. Bach, Porpora, Haydn, Mozart, Gluck, Beethoven, Schubert, Weber, Mendelssohn, Schumann... Voilà sur une petite scène l’embryon des grandes exécutions de l’avenir ! Charles Lamoureux laisse déjà entrevoir des idées de commandement ; il est l’âme de ces séances et apporte dans leur organisation un savoir-faire, qui révèle les qualités remarquables de l’administrateur unies à celles non moins distinguées du musicien. Sans être un violoniste comparable aux Joachim, Vieuxtemps, Alard, Sarrasate, Marsick, Ysaïe, il manie l’instrument avec la plus grande sûreté ; son jeu est très étudié et il s’évertue à rendre aussi fidèlement que possible les classiques qu’il interprète. Il exige dans les répétitions un soin extrême et ne veut rien laisser à l’imprévu ; il domine son quatuor et le mène manu militari.

Son mariage avec une des nièces du docteur Pierre lui avait donné l’indépendance : ce fut une grande force dans sa vie d’artiste. Émile Bergerat, alias Caliban, a raconté, avec l’esprit qui caractérise son talent d’écrivain, l’énergie doublée d’une patience à toute épreuve que Charles Lamoureux déploya pour découvrir, après la mort du docteur Pierre, le secret de cette eau mirifique, qui devait lui assurer sinon la fortune, du moins une grande aisance. Si l’anecdote relatée par le spirituel écrivain est vraie, elle dénote la ténacité que ne cessera d’apporter le vaillant chef d’orchestre dans l’exécution de ses projets artistiques ; elle montre également quel noble emploi Charles Lamoureux a fait des revenus que lui