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L’état de sa santé a contraint Jules Garcin à renoncer, bien à regret, à ses fonctions de chef d’orchestre de la Société des concerts. À la suite du vote qui a eu lieu, en assemblée générale, dans les premiers jours de juin 1892, M. Taffanel a été élu par 48 voix contre 39 obtenues par M. Danbé. En signe d’estime et de sympathie l’assemblée a offert à son ancien chef le titre de président honoraire.

Jules Garcin demeure, depuis de longues années, rue Blanche 72 ; il aime peu le changement. Son appartement renferme des souvenirs de sa carrière artistique si bien remplie et de ses relations : l’archet d’Alard, qui lui fut légué par la famille du célèbre violoniste ; une bonbonnière du XVIIIe siècle, offerte par George Sand à Rose Chéri ; un autographe de Viotti. Aux murs, de jolies aquarelles de Worms, de Berchère, de Saunier..., puis un buste très ressemblant de Garcin par Doublemard et une statuette en terre cuite le représentant avec son violon sous le bras, œuvre de M. E. Sollier, datée de 1883.

De taille au-dessus de la moyenne, bien pris dans toute sa personne, il accuse à première vue, avec son visage plein de douceur et encadré d’une barbe bien fournie, une ressemblance avec telle ou telle figure de Christ. Une sorte de mélancolie, se dévoilant dans la physionomie, dans la conversation, dans l’attitude générale, le rattache à ces esprits atteints de la maladie du siècle, la grande névrose, qui enlève toute gaîté au travail de chaque jour. Chez lui cette note pessimiste a dû, en majeure partie, prendre sa source dans le labeur quotidien,