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à remplacer le chef ordinaire pendant un laps de temps fort court.

Richard Wagner, dans son étude sur l’Art de diriger, avait merveilleusement développé la somme de connaissances que doit acquérir celui qui aspire à l’honneur de conduire l’orchestre.

M. Deldevez avait, lui aussi, élucidé plusieurs points importants de la question.

Quelle science, quelles qualités ne faut-il pas, en effet, à celui qui est appelé à diriger des masses orchestrales et chorales au théâtre et au concert ! Posséder tout d’abord une parfaite éducation musicale et esthétique ; — admirablement saisir la pensée, le sens intime du maître ; — savoir donner un caractère différent à l’interprétation des œuvres de chaque auteur (on ne joue pas Haydn comme Beethoven, Mozart comme Mendelssohn, Schumann comme Schubert, Wagner comme Berlioz...) ; — tenir compte des préférences dans le rythme et l’harmonie propres aux compositeurs de nationalité différente ; — indiquer les accents et les mouvements voulus qui ne résident pas dans la tradition plus ou moins erronée ; — faire exécuter les piano et les forte avec un soin extrême, et graduer les nuances infinies qui existent du piano au pianissimo, du forte au fortissimo ; — mettre savamment en lumière certaines familles d’instruments ou certaines phrases musicales, au moment opportun, en laissant le reste de l’orchestre dans l’ombre ; — ne pas abuser, toutefois, des nuances, afin d’éviter la préciosité, surtout dans les classiques ; apprendre par cœur les œuvres des maîtres, de manière à pouvoir conduire et surveiller l’orchestre avec la plus grande liberté d’allure, sans être forcé d’avoir sous les yeux, à chaque minute, la