Ce qui distingue la manière du jeune maître, c’est une recherche toujours constante de l’originalité et le souci d’une orchestration des plus soignées, puisée dans l’étude des grands maîtres. Il a horreur, on le voit, du convenu, du banal et nous ne saurions que l’en louer. Peut-être trouverait-on à critiquer l’abus de cette recherche et voudrait-on quelquefois plus de profondeur, de spontanéité dans les idées, plus de sincérité émue. Mais son œuvre dénote un musicien de race.
Il a été directeur et chef d’orchestre de la Concordia, société chorale où furent exécutées les belles pages des maîtres, notamment la Passion selon Saint-Matthieu de J. S. Bach, et dont Mme Fuchs était l’âme.
Widor a remplacé le regretté César Franck comme professeur d’orgue au Conservatoire. Entre temps il manie avec habileté la plume de critique musical. Il a collaboré à l’Estafette, sous le pseudonyme d’Aulétès et envoie de très intéressants articles au Piano-Soleil.
Travailleur infatigable, il ne laisse passer aucun jour sans écrire. Après avoir produit de nombreuses compositions pour orgue, de la musique de chambre, etc..., il aspire aujourd’hui à affronter la scène. Ce ne sera pas la première fois ; car, sans oublier le Conte d’avril, il fit jouer Maître Ambros à l’Opéra-Comique et la Korrigane à l’Opéra. Les succès qu’il a remportés avec ce dernier ouvrage et avec Jeanne d’Arc à l’Hippodrome, l’engagent à poursuivre sa carrière du côté du théâtre. C’est ainsi qu’il prépare un opéra Nerto, en collaboration avec l’illustre félibre Frédéric Mistral.
Esprit chercheur, plein d’ambition, Widor croit à son étoile. Mais la gloire qu’il rêve n’est pas de celles qui puissent lui causer des sujets d’inquiétude..... Très