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je me rappelais avoir barboté. » — Tout ceci raconté avec une aimable jovialité, avec cette diction du bout des lèvres particulière à Widor.

Que dire, ami lecteur, de cette transmigration de l’âme d’un canard dans le corps d’un organiste-compositeur ? Quels couacs aurait dû enfanter cette parenté avec un palmipède !

Une fois par semaine se réunissent les amis de la maison et on musique. Charmante communion d’idées entre tous ces artistes, très épris de la divine muse ! On écoute, dans le silence, la parole enchanteresse des maîtres d’autrefois et d’aujourd’hui, on vit dans leur intimité. Musique de chambre, tu mets à nu l’âme de ceux que nous aimons !

Charles-Marie Widor est né à Lyon le 22 février 1845. Tout jeune, il improvisait déjà avec une grande habileté sur l’orgue de l’église Saint-François de Lyon, dont son père était organiste.

Il étudia, plus tard, à Bruxelles l’orgue avec Lemmens et la composition avec Fétis. Organiste de l’église Saint-Sulpice depuis 1870, il a su faire apprécier des qualités incontestables comme virtuose et a produit de nombreuses compositions, dans lesquelles se perçoivent des tendances particulières pour la musique symphonique. Ses œuvres d’orgue, nouvelles de forme, ont été très remarquées par les connaisseurs. Les deux créations qui l’ont fait connaître du grand public sont le ballet de la Korrigane, exécuté à l’Opéra en décembre 1881 et Jeanne d’Arc, grande pantomime musicale montée à l’Hippodrome en juin 1890.