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mais il fit établir au Château de Neubourg dans l’Eure une scène fort bien agencée, sur laquelle fut jouée pour la première fois, en 1660, La Toison d’or, mélodrame à grand spectacle de Pierre Corneille. Le marquis de Sourdéac avait comme collaborateurs pour les vers l’abbé Perrin, pour la musique La Grille et Cambert, organiste de l’église Saint-Honoré, maître et compositeur de la musique de la Reyne mère.

C’était un fier original. Dans le but d’acquérir une force et une agilité surprenantes, n’avait-il pas eu l’idée de se faire chasser par ses piqueurs et sa meute dans sa propriété de Neubourg, comme on chasse le cerf ! N’eut-il pas, un jour, l’extravagance de grimper sur le cheval de bronze du Pont-Neuf, afin de pouvoir contempler les exploits des jeunes seigneurs, ses amis, détroussant les passants comme de simples bandits !

Les essais tentés sur le petit théâtre de l’hôtel Garancière furent donc, en quelque sorte, contemporains de ceux de l’Académie Royale de musique, qui avait fait ses premières armes, à la Salle d’Issy en 1659, avec l’abbé Perrin et Cambert.

Le petit théâtre de l’hôtel Garancière évoque encore une autre image, toute de charme, celle de cette Adrienne Lecouvreur, qui fut aimée du comte de Saxe et jeta un si vif éclat sur la scène. Arrivée à Paris, vers l’âge de douze ans, en 1702, et installée avec sa famille non loin de la Comédie, dans le faubourg Saint-Germain, elle organisa, afin de satisfaire sa passion pour le théâtre, des représentations chez un épicier de la rue Férou avec plusieurs camarades de son âge. Le succès obtenu par la petite troupe engagea la présidente Le Jay à lui prêter son hôtel de la rue Garancière.