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déplore sa misère, ces époux pleurent leur séparation, ces esclaves réclament la liberté ? Et, toujours planant dans les régions sereines, la voix du Christ :

« Heureux ceux qui pleurent,
Car ils seront consolés. »

Puis, comme couronnement de l’édifice, l’hosanna grandiose qui termine la Huitième et dernière Béatitude ![1]

César Franck se montra toujours très enthousiaste pour sa patrie d’adoption : ses fils servirent sous les drapeaux à l’époque la plus critique de notre histoire contemporaine, en 1870 ! Lui-même, sous l’empire de son amour pour la France, écrivit, pendant les tristesses du siège de Paris, une page toute vibrante de patriotisme. C’est M. Arthur Coquard, à qui nous avons déjà fait un emprunt, qui raconte cet épisode : « Un jour, à cette heure bien fugitive où l’heureuse victoire de Coulmiers redonnait à tous l’espoir du succès final, le Figaro publia une sorte d’ode en prose intitulée Paris. Était-elle signée ? Je ne m’en souviens plus. César Franck ne put lire ce morceau de sang-froid et les formes musicales lui arrivèrent si soudainement et d’une façon si irrésistible qu’il dut y céder. Le lendemain, comme nous rentrions à Paris, entre deux combats d’avant-garde, Henri Duparc et moi, nous voyons arriver le maître tout radieux, tenant à la main l’esquisse fraîche encore. Jamais nous n’oublierons

  1. La 1re audition des Béatitudes a été donnée, grâce à l’initiative de M. Ed. Colonne, aux concerts du Châtelet, le 19 mars 1893. Le succès a été considérable. Les interprètes étaient Mlles Pregi, de Nocé, Tarquini d’or, MM. Auguez, Fournets, Warmbrodt, Ballard, Grimaud et Villa.