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VII.  
Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu !
VIII.
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des Cieux est à eux !

Satan, un Satan de proportion colossale, vaincu par le Christ, — l’Humanité, en proie à toutes les misères d’ici-bas, régénérée par le Rédempteur, telle est la maîtresse ligne de ce poème, auquel César Franck, par les plus heureux effets de contraste, par une orchestration merveilleuse, bien qu’un peu compacte et lourde, par une vérité étonnante de l’expression dramatique, par la richesse mélodique, par l’habile union des voix à l’orchestre, a donné une haute et superbe envergure.

Quels accents de tendresse, de pitié compatissante, dans cette voix du Christ, prêchant la bonne parole ! Quelle âpreté dans celle de Satan luttant jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu et quelle intensité dramatique dans ses révoltes, notamment dans la Huitième Béatitude :

Mon« À ma défaite
Mon pouvoir a survécu ;
MonJe relève la tête.
Non ! Non ! je ne suis pas vaincu. »

Quels heureux effets l’auteur a tirés de la polyphonie orchestrale et vocale ! Admirez la gradation habilement ménagée entre ces chœurs si remplis de tristesse et ceux pleins de véhémence ! Et, lorsque le compositeur écrit ce fameux Quintette pour les voix « Les Pacifiques », dans la Septième Béatitude, comme son orchestre donne une intensité d’expression aux voix ! N’est-ce pas un chef-d’œuvre que la Troisième Béatitude, dans laquelle cette mère pleure sur le berceau vide de son enfant, cet orphelin