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naîtra une certaine parenté entre le motif des voix chantant, dans les notes graves, à Psyché : « Souviens-toi que tu ne dois jamais de ton mystique époux connaître le visage », — et celui de Lohengrin à Elsa : « Sans chercher à connaître quel pays m’a vu naître » ; il retiendra encore comme bien venues plusieurs autres pages de la partition. Mais il regrettera le manque de variété et les longueurs qui enlèvent à ce poème musical le charme sans mélange qui devrait s’en dégager.

Les Béatitudes sont, nous l’avons dit, la création maîtresse de César Franck, celle qui n’engendre pas la monotonie ou la lassitude comme telles ou telles pages du maître, malgré son long développement. Splendide oratorio, de solide architecture, qui planera certes au-dessus de bien des œuvres qui ont eu, dès leur apparition, un succès rapide mais éphémère. Celle-là suffit à attester la belle et haute intelligence qu’il était.

Paraphrase poétique de l’Évangile par Mme Colomb, les Huit Béatitudes, avec un prologue, renferment des parties d’une surprenante élévation au point de vue musical. Voici les titres de chacune des Béatitudes :

I.  
Bienheureux les pauvres d’esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux !
II.
Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre !
III.
Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés !
IV.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront ressuscités !
V.
Heureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront eux-mêmes miséricorde !
VI.
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu !