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son enseignement, mais cette bonté d’âme, cet accueil bienveillant qui ne se démentirent jamais dans sa longue carrière du professorat. N’avait-il pas gagné cette affabilité, cette attitude un peu bénissante au contact du milieu ecclésiastique qu’il fréquenta, dans l’atmosphère de l’église sous les arceaux de laquelle il passa de si belles heures ? Ne le vous seriez-vous pas figuré revêtu du surplis et de l’étole ? N’aurait-il pas, dans les habits sacerdotaux, donné l’illusion du prêtre qui va monter à l’autel ? Ce qu’il y a de certain c’est que ses élèves le respectaient à l’égal d’un saint et ont conservé pour lui une vénération touchante. Ils l’appelaient le brave père Franck ; mais il n’y avait rien d’irrespectueux dans cette appellation familière. Ils se considéraient un peu comme ses enfants gâtés !

Nous avons dit ses admirations pour les primitifs ; il ne goûtait pas moins les belles pages des maîtres symphonistes, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann. Son enthousiasme était aussi vif pour les grandes œuvres de l’art dramatique, qu’elles fussent signées par Gluck, Weber, Berlioz, Wagner, sans oublier les vieux musiciens français, Monsigny, Grétry et surtout Méhul. Oui ! Méhul, dont il chantait avec transport le beau duo de la jalousie d’Euphrosine et Coradin. Au début de sa carrière, il composa deux grandes Fantaisies pour piano sur les motifs de Gulistan de Dalayrac (op. 11 et 12) !

Son esprit, accessible à toutes les beautés, ouvert à toutes les innovations, exempt de toute jalousie, accueillait très chaleureusement les compositions de ses contemporains, qui, plus heureux que lui, étaient arrivés au succès. Un de ceux qui le vénéraient et a publié sur lui, après sa mort et au moment même de l’exécution de