Page:Imbert - Portraits et Études, 1894.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prodiges, allait se consacrer presque aussitôt à la composition et au professorat[1].

Trente ans environ après sa sortie du Conservatoire, le 1er février 1872, l’auteur des « Béatitudes » devait prendre possession de la chaire de la classe d’orgue à notre grande école de musique. L’arrêté ministériel, qui le nommait à ces fonctions, est daté du 31 janvier 1872. Autour de cet orgue du Conservatoire et de celui de l’église Sainte-Clotilde qu’il occupa pendant de si longues années, il groupa une phalange de disciples venus pour écouter la bonne parole. Parmi les plus marquants ou les plus zélés on pourrait citer Vincent d’Indy, Augusta Holmès, Pierné, Dallier, Samuel Rousseau, Chapuis, Galeotti, Camille Benoit, Ernest Chausson, Bordes, A. Coquard, de Bréville, Guy Ropartz, etc… Il est facile de se le représenter à l’orgue de Sainte-Clotilde, donnant à son petit cénacle la primeur de ses grandes pièces ou de ses motets, toujours remarquables par la richesse et la variété des combinaisons polyphoniques : son portrait, d’une admirable ressemblance, a, en effet, été pris sur le vif par Mlle Jeanne Rongier. Assis devant ses claviers, un peu penché en avant, il pose la main droite sur les touches et, de la gauche, tire un des registres de l’instrument. La tête est de trois quarts, les yeux mi-clos ; le maître semble écouter des voix d’en haut lui soufflant ses chants mystiques. Ce qui captivait en lui, c’était non seulement la maîtrise de

  1. César Franck a eu un frère, Joseph Franck, né à Liège vers 1820, qui s’est voué également à l’art musical, mais sans grand succès. Il termina ses études de piano, d’orgue et de composition au Conservatoire de Paris ; il fut aussi violoniste. Après avoir exercé les fonctions de maître de chapelle et d’organiste à l’église des Missions étrangères, puis à Saint-Thomas d’Aquin, il s’est livré à l’enseignement du piano, de l’orgue et de la composition. On a de lui diverses compositions religieuses et profanes.