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Quinzième Lettre.

Mai 1872.

Merci. — Votre approbation m’est précieuse ; car je vous crois incapable de manquer de sincérité.

J’ai aussi de bonnes félicitations à vous adresser : votre musique a été fort bien accueillie à la Société Nationale et, malgré votre éloignement, nous aurons désormais le plaisir de vous entendre. Je n’ai pu assister aux dernières auditions de la Société ; Djamileh et la fatigue m’ont privé de ces intéressantes séances. Mais tous mes amis m’ont parlé de la bonne impression que leur ont produite les morceaux que vous leur avez envoyés.

J’attends un baby dans deux ou trois semaines. Ma femme va à merveille et tout nous présage un heureux résultat.

Djamileh n’est pas un succès, dans le sens ordinaire du mot. — Mme Prelly [1] a été au-dessous du médiocre et la pièce est trop en dehors des habitudes de l’Opéra-Comique. Pourtant on fait des recettes raisonnables et le public écoute avec un intérêt évident. La presse a été excellente. — Les grands journaux ont loué la partition et les Lundistes mélodistes, tout en blâmant mes tendances wagnériennes ( ?), m’ont traité si sérieusement et si courtoisement que je n’ai pu m’attrister de leurs critiques. — Quoiqu’il arrive, je suis content d’être rentré dans la voie que je n’aurais jamais dû quitter et dont je ne sortirai jamais [2]. — De Leuven et Du Locle m’ont commandé trois actes. Meilhac et Halévy seront mes collaborateurs. Ils vont me faire une chose gaie que je traiterai aussi serré que

  1. Mme Prelly était une femme du monde d’une radieuse beauté, mais douée d’une voix médiocre, que la scène avait tentée. Une partie de l’insuccès de Djamileh fut due à l’insuffisance de cette artiste.
  2. La première représentation de Djamileh eut lien le 22 mai 1872.