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Douzième Lettre.

20 juin 1871.

Cher ami,

Merci ! J’ai quitté Paris lorsque le rôle des honnêtes gens était fini dans cette bagarre.

Sortirons-nous de cette situation ?... Serons-nous républicains, communards, légitimistes, ultramontains ou Prussiens ?...

J’espère, mais je crains.

Paris essaie de reprendre sa physionomie ordinaire ; mais c’est difficile.

Perrin, Du Locle et de Leuven n’ont pu encore rouvrir nos pauvres théâtres lyriques. — Ils sont arrêtés par des difficultés sans nombre et de toute nature. Pasdeloup, qui, comme Guzman, ne connaît point d’obstacles, a rouvert hier les Concerts populaires. — Il divise ses programmes en deux parties : musique classique et musique moderne. Il a fait exécuter hier du Gounod, du Massenet, etc... Il redira ma symphonie un de ces jours. Beaucoup de gens sont pleins de bonne volonté et ne seront pas au-dessous des efforts qu’il faut faire pour relever ce pays politiquement, littérairement et artistiquement. Mais la grande masse est sotte, vaniteuse et les terribles leçons que nous venons de recevoir seront, je le crains, inutiles en grande partie. — En somme, le Français se console en disant : « Bah ! si nous avions été 500,000, la campagne se serait terminée à Berlin et non à Paris ! »

Quant aux ruines que nous lègue la Commune, on trouve que « cela fait bien ! »

Je vais passer l’été au Vésinet. J’y suis près de Sardou et bien placé pour terminer ma Griselidis.

Ma Clarisse Harlowe avance aussi et vous, vous remettez-vous au travail ?