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Envoyez-moi cette lettre, je la porterai moi-même au ministère et je prierai ces messieurs de vous envoyer de suite le poème en question.

J’ai complètement lâché Noé [1] et j’ai bien fait, je crois. —

L’exécution (à Bruxelles) de ma pauvre Jolie Fille a été monstrueuse. — Malgré cela, succès très sérieux. J’ai reçu nombre de lettres très encourageantes. — Presse excellente, etc...

Allons, travaillez, travaillez, faites le concours de l’Opéra. — Vous devez être un grand musicien, — à l’œuvre donc et courage.

Croyez, mon cher ami, aux sentiments les plus dévoués, les plus affectueux de votre ami,

Georges Bizet. Onzième Lettre.

Mars 1871.

Cher ami,

Paris débloqué, j’ai dû me rendre à Bordeaux pour affaires de famille. En rentrant, je trouve un paquet de lettres datées de septembre, octobre, novembre, décembre, janvier et février. En ouvrant la vôtre, j’éprouve une vive joie et cette joie se manifeste par une bêtise incroyable : je tiens votre lettre de la main droite, et de la main gauche je jette l’enveloppe au feu. Or,

  1. Noé, opéra biblique en trois actes et quatre tableaux de M. de Saint-Georges, avait été mis en musique par Halévy, maître de G. Bizet. — Mais la partition était loin d’être terminée, et, par amitié pour son maître, G. Bizet avait entrepris le travail ingrat de l’achever. — Interrompu à plusieurs reprises, ce labeur prit fin à la fin de l’année 1869. — Mais des difficultés de toute sorte empêchèrent la représentation de l’œuvre au Théâtre Lyrique. — Depuis, à Pâques 1885, Noé a été joué avec succès sur le théâtre grand-ducal de Carlsruhe, sous la direction de Félix Mottl.