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Neuvième Lettre.

1869 ?

Mon cher ami,

Je viens de passer six semaines dans les tapissiers, serruriers, menuisiers, etc... Enfin me voici installé. — Depuis treize mois, je n’ai pas composé une note de musique et je m’en trouve à merveille. — Quel dommage d’être obligé de sortir de ce charmant far-niente ! — À la vérité, j’ai beaucoup travaillé depuis trois mois ; j’ai eu l’aplomb de me charger de Noé, opéra posthume d’Halévy. — Halévy a laissé trois actes à peu près faits ; mais il a fallu tout instrumenter..., presque tout deviner — et j’ai à composer un quatrième acte assez court — et j’espère avoir fini le 30 novembre, ainsi que l’exige mon traité avec le Théâtre lyrique. — Pasdeloup est enthousiasmé de cette œuvre et je crois qu’il a raison... Mais, moi, je suis peu enthousiasmé des chanteurs de son théâtre et j’empêcherai l’ouvrage de passer, grâce à une clause relative à la distribution et qui me laisse absolument maître de la situation.

Je suis fixé ; je vais faire un Calendal. Avez-vous lu Calendal de Mistral ? Je crois avoir mis la main sur un bon poème. — Il y a longtemps que j’y songe. — Je ne sais si le public sera de mon avis. — Mais, il y a là une partition à faire et je vais le tenter.

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Quand viendrez-vous à Paris ? Vous savez que vous trouverez 22, rue de Douai un bon ami ou plutôt deux amis.

Hélas ! Il faut se remettre au travail. — Lire, rêver, observer, apprendre, voilà mon affaire. — Mais produire !!

Enfin...

À vous de tout cœur.

Georges Bizet.