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lui, le Faust de Gounod est de la musique de cocottes !... [1] « La Prusse, dit-il, est destinée à détruire la France politiquement. — La Bavière, son prince à la tête, la détruira intellectuellement. » — Ce républicain de carton m’amuserait beaucoup, s’il ne me dégoûtait pas. — Ce monsieur, qui acceptait en 1847 150,000 marcs du roi de Saxe pour faire monter un de ses opéras, était le premier à tirer des coups de fusil sur le même roi de Saxe en 1848. — Assez !

J’ai été très malade... trois angines !

On fait en ce moment deux opéras sur lesquels j’ai l’œil très ouvert. — Un des deux intéresse beaucoup Perrin — et d’ici à quelques mois j’aurai probablement un ouvrage en train. — Mais que c’est long !

J’orchestre ma symphonie. — Tout en me promenant, j’ai composé le premier acte du Roi de Thulé. — Mais je suis décidé à ne pas concourir.

Je vous enverrai trois morceaux de piano, dont un, intitulé : Variations chromatiques, vous intéressera, je crois.

Gounod est malade... il ne peut plus travailler, — mais il communie à force et commente saint Augustin !

Je deviens, moi, de plus en plus misanthrope. — Les indifférents me deviennent odieux — et je ne peux plus supporter que le commerce des hommes qui, comme vous, ont dans la tête et dans le cœur des idées et des sentiments qui s’accordent avec les miens !

Soyez moins rare, écrivez-moi d’Italie. — Vos lettres me font toujours plus que du plaisir.

À bientôt donc, j’espère, et à vous de tout cœur, de toute amitié.

Georges Bizet.

  1. Georges Bizet rééditait une légende absolument fausse. M. Maurice Kufferath, dans un article du « Guide musical » en date du 29 octobre 1893, a péremptoirement prouvé que jamais Wagner n’avait avancé que le Faust de Gounod fût une musique de cocottes !