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6º Chœur.

Le début a de la grandeur ; votre brusque voyage en ré majeur me chagrine un peu. L’idée en ut est bonne. Le développement en sol à bouche fermée est un peu longuet. L’allegro suivant, bien. — Bonne phrase à la Meyerbeer...

La coda en 6/8 me paraît bien syllabique. Il faudra en modérer le mouvement, pour en rendre l’exécution possible.

Les sociétés chorales de Bruxelles, d’Anvers et de Liège exécuteraient facilement cette péroraison. Mais les exécutions véritablement miraculeuses sont trop exceptionnelles pour servir de base d’opération. — La fin extrême est trop élevée pour les premiers ténors. Les trois grandes sociétés belges se jouent de ces difficultés. Mais, je vous le répète, ces exceptions, tout à fait extraordinaires, inimaginables même pour ceux qui n’ont pas entendu ces admirables et vaillants chanteurs, ne font que confirmer la règle.

En somme, ce chœur est bon et vous fait honneur.

Pourquoi n’est-il pas meilleur ?

Pourquoi n’est-il pas très beau ?

Parce que vous ne vous êtes pas assez élevé. — Vous m’avez rendu exigeant ; vous êtes un grand musicien et vous devez faire mieux encore.

J’attends avec impatience vos premiers travaux d’orchestre. Vous allez marcher à pas de géant. C’est si amusant l’orchestre ! Jusqu’à présent, vous avez dessiné ; vous avez exécuté des grisailles, réalisant vos effets d’ombre et de lumière avec des valeurs différentes, mais dans le même ton. Maintenant, vous allez peindre. — Faites votre palette... et à l’œuvre ! Si vous avez un coloris riche et séduisant, avec vos qualités de forme et de couleur, la route sera longue et belle à parcourir. — Allons, courage et à bientôt.

Votre confrère et ami dévoué

Georges Bizet