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de connaître la suite de votre trio. — Soyez difficile ; votre premier morceau oblige.

J’ai été parfaitement sincère pour le trio, je le serai pour la rêverie.

Eh ! bien, je n’aime pas beaucoup cela !... Vous ne m’en voulez pas, j’espère. Je vous dois la vérité et je vous la dirai toujours et quand même. Je connais de vous des choses qui me rendent très difficile. — En art, pas d’indulgence !

Je n’ai pas de critique de détail à vous faire sur cette pièce. Quand je vous aurai signalé une petite réminiscence du septuor des Troyens, à la dernière page

je n’aurai plus qu’à vous parler de l’œuvre en général.

C’est mou, terne ! L’idée est courte. Ce n’est pas assez exquis en poésie pour le ton rêveur que vous abordez. Il y a sans doute dans tout cela une certaine langueur, un certain charme, mais pas assez. — Évidemment, ce n’est pas mal, mais vous devez, vous pouvez faire mieux. — Croyez-moi. Mon jugement vous paraîtra sévère... Attendez quelque temps. Laissez dormir la chose, et, quand vous la reverrez après l’avoir presque oubliée, vous serez de mon avis. Vous trouverez cela un peu bulle de savon !... J’ai toujours remarqué que les compositions les moins bien venues sont toujours les plus chéries au moment de l’éclosion. Je crains les choses qui sentent l’improvisation. — Voyez Beethoven : prenez les œuvres les plus vagues, les plus éthérées, c’est toujours voulu, toujours tenu. Il rêve et, pourtant, son idée a un corps. On peut la saisir... Un seul homme a su faire de la musique quasi-improvisée, ou du moins paraissant telle, c’est Chopin... C’est une charmante personnalité, étrange, inimitable et qui n’est pas à imiter. — En résumé, avant de condamner l’opinion que je