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Votre Marche funèbre est excellente. C’est, à mon avis, le meilleur morceau de votre envoi. L’idée y est plus nette, plus clairement exprimée que dans les autres pièces... Dans tout cela, rien de commun, rien de lâché. C’est très intéressant !... J’ai lu et relu vos romances sans paroles avec un vif plaisir. Le chant est moins dans vos habitudes, ce me semble. Résumons-nous ; je vous demande une lettre détaillée.

Votre âge, — le temps employé par vous à vos études musicales, — la nature de ces études. — Où en êtes-vous ?... Je ne vous demande pas où voulez-vous aller ? — Vous me répondriez partout et vous auriez raison. — Avez-vous fait de l’orchestre ?... Avez-vous fait du quatuor, de la symphonie, de la scène lyrique, de l’opéra et de l’oratorio ?... La composition idéale est difficile à traiter par correspondance. — Il faut se voir, s’entendre, discuter, se connaître pour travailler avec fruit. Mais le contre-point, la fugue, l’instrumentation peuvent se traiter par lettres avec un réel succès. Je l’ai expérimenté. — Vous laissez une marge considérable et, là, je mets en regard de votre texte les observations, les modifications nécessaires... Qu’en pensez-vous ? J’attends maintenant votre réponse... Mettez-moi au courant de votre passé artistique, du présent et même de l’avenir que vous vous proposez.

Quant aux conditions, monsieur, je ne sais que vous répondre... Je n’aime pas beaucoup traiter ce chapitre. Si j’avais quelque fortune, je serais heureux de vous consacrer quelques-uns de mes loisirs... Je me considèrerais comme parfaitement payé par les progrès que je pourrais vous aider à faire... Malheureusement je n’ai pas de loisirs !... Des leçons, des travaux énormes pour plusieurs éditeurs, des relations trop étendues... tout cela dévore ma vie. Je suis donc obligé d’accepter non le prix de mes conseils, mais le prix des instants que je vous consacrerai. Je fais payer mes leçons 20 francs. — En moyenne, mon temps vaut pour moi 15 francs l’heure. — Voulez-vous baser notre arrangement sur cette donnée ?... D’après la quantité de travail que vous m’enverrez, nous pourrons