Page:Imbert - Portraits et Études, 1894.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

que ses dernières œuvres, y compris Otello, n’ont rien à voir avec les drames lyriques de Richard Wagner.

Georges Bizet n’a-t-il pas agi de même, lorsqu’il abandonna, après les Pêcheurs de Perles et la Jolie fille de Perth, les sentiers battus pour entrer dans une voie nouvelle ? Fallait-il l’accuser pour cela, comme l’ont fait légèrement les critiques de la première heure, d’appartenir à l’École wagnérienne ?

C’est lui-même qui nous édifiera sur ce point dans une lettre qu’il adressait à certain critique d’art, après l’exécution de la Jolie fille de Perth :

« Non, monsieur, pas plus que vous, je ne crois aux faux dieux et je vous le prouverai. J’ai fait cette fois encore des concessions que je regrette, je l’avoue. J’aurais bien des choses à dire pour ma défense.... devinez-les ! L’école des flonflons, des roulades, du mensonge, est morte, bien morte ! Enterrons-la sans larmes, sans regret, sans émotion et... en avant ! »

Son amour pour le côté sensuel de la musique italienne, dont il nous fait la confidence, s’atténuera donc, dans une certaine mesure, lorsqu’il abordera des œuvres plus sérieuses, et marquant un pas en avant. Avec sa nature si pétrie d’intelligence et si bien douée au point de vue artistique, il comprendra que les vieux moules se sont brisés et il sera un des premiers à entrevoir la vive lumière qui se lève à l’horizon. Il aura frayé la route à ses contemporains, en s’élançant audacieusement à la recherche de la vérité dans l’art dramatique, sans pour cela s’être mis à la remorque de personne, surtout de Richard Wagner.

Carmen et l’Arlésienne sont là pour le prouver.

Il pourra certes chercher encore « à s’égarer dans les mauvais lieux artistiques » ; mais il n’en rapportera pas de déplorables habitudes.

L’École des roulades, des flonflons aura bien disparu !

— La majeure partie des lettres que nous publions n’était pas datée. Il a été facile de préciser quelques dates, en prenant