Page:Imbert - Portraits et Études, 1894.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée


N°6. Baryton solo et chœur. — Voici le point culminant de la partition, la clef de voûte de l’édifice. Après une entrée du chœur, pleine de tristesse, sorte de lamentation ou psalmodie qu’accentuent les violons en sourdine, ainsi que les violoncelles et contrebasses en pizzicati « Nous n’avons ici de durable cité », le baryton solo annonce la résurrection dans un style large et solennel ; les voix, répondant pianissimo, s’élèvent par des gradations successives jusqu’à cette explosion grandiose : « Les trompettes retentiront ». C’est un déchaînement monstrueux des chœurs et de l’orchestre, « où s’agitent et se tordent à l’appel des sons, le tumultueux effarement, la terreur suprême qui condamnent à ne pouvoir se fuir elles-mêmes des âmes éperdues », et où la Vie accuse hautement son triomphe sur la Mort. La fugue qui suit, bien que très mouvementée, pâlit à côté de ce formidable chœur qui porte l’émotion à son comble.

N°7. Chœur. — « Gloire à ceux qui meurent dans le Seigneur » chantent les voix accompagnées par l’orchestre, dont le trait persistant et consistant en une suite de notes liées deux à deux est une des formules préférées de J. Brahms et qui rappellerait le vieux et sublime Maître, qu’il a si profondément étudie, Jean-Sébastien Bach ! Puis, ce chœur s’apaise un instant pour murmurer : « Oui, l’Esprit dit qu’ils reposent de leurs souffrances », et, alors, se dessine en majeur cette délicieuse phrase chorale qui met si merveilleusement en relief le dessin des instruments à cordes en douze croches liées par groupes de six. Enfin, comme apothéose finale, retentit pour la dernière fois le beau motif du premier chœur de la partition, soutenu par les sons voilés de la harpe.

L’œuvre s’achève ainsi dans un sentiment d’espérance, de paix et de pardon, qui donne bien la synthèse de la conception du Maître.