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les voix entrent successivement pianissimo, avec une phrase liée de neuf noires groupées trois par trois, pour aboutir à cette majestueuse et terrible fugue, où la pédale sur la note résonne et bourdonne sans interruption, pendant que les masses chorales se développent fortissimo, soutenues par les traits en croches largement détachés des instruments à cordes. C’est une page unique en son genre et qui produit un effet des plus saisissants, lorsque l’orchestre et les chœurs forment une armée nombreuse et compacte.

N°4. Chœur. — C’est encore dans le style tendre et gracieux du lied, ne s’éloignant pas toutefois de la gravité qui règne dans l’ensemble de l’œuvre, que Brahms a traduit ces pensées plus consolantes : Bien douces sont tes demeures, ô Dieu d’Israël ». Le charme qui enveloppe l’auditeur est encore augmenté par la richesse de l’orchestration, par cette mélodie touchante des violons (Lettre A) et ces pizzicati des violoncelles, que l’auteur a employés souvent et avec le plus heureux résultat dans le cours du Requiem. La phrase caressante des voix en croches liées deux à deux sur les mots « en te louant à jamais » est une sorte d’association du legato employé pour la mélodie et du staccato réservé à l’accompagnement.

N°5. Soprano, solo et chœur. — Délicieux sont les violons en sourdine, avec les petites phrases que se renvoient le hautbois, la flûte et la clarinette. Sur cette trame gracieuse et légère s’enlève le solo de soprano, reproduisant à peu près la mélodie de l’orchestre : « Vous qu’afflige la douleur espérez... » La voix semble venir de la voûte céleste pour annoncer les consolations futures ; et le chœur répond mezza voce : « Je vous consolerai comme une mère ». Toutes ces pages sont d’une couleur douce et légère, — une fresque de Bernardino Luini ; c’est un murmure délicieux qui s’évanouit peu à peu et idéalement sur les paroles du soprano, soutenu par les masses chorales : « Vers vous je reviendrai... je reviendrai ».