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que par le fond, du caractère liturgique, propre au Requiem, sur les paroles latines. Quel délicieux accompagnement que celui dans lequel l’auteur a su rendre par de légers staccati (flûtes et harpes) l’effet résultant du texte, indiquant que le laboureur doit patienter jusqu’à ce qu’il ait reçu la pluie du matin[1] ! Et quelle adorable conclusion sur ces paroles pianissimo du chœur : « Il patiente » avec les quelques notes finales du cor, cet instrument si cher à Brahms.

Après la reprise de la marche et du premier motif choral l’orchestre et les chœurs attaquent une phrase large et grandiose, « Mais la parole reste dans l’éternité » qui se lie de suite au beau chœur final en forme de fugue : « Ils viendront les rachetés », dans lequel les instruments répondent par des accords vigoureusement accentués aux masses chorales. Remarquons le charme, la douceur qui se dégagent, à deux reprises différentes, et après les chants de triomphe, de la traduction musicale des mots « ... reposera sur eux », — et enfin la belle péroraison, où les voix, après un grand éclat, s’éteignent, accompagnées pianissimo par de ravissants traits des cordes, en gammes descendantes et montantes, soutenus par les trombones.

N°3. Baryton solo et chœur. — Le solo que chante le baryton « Dieu enseigne-moi » est d’un style sévère et triste ; il donne très exactement l’impression du néant des choses d’ici-bas, des vanités terrestres. Le chœur reprend et accentue l’humble prière. Puis, dans une phrase plus mouvementée, plus énergique, qui est redite immédiatement par le chœur, le solo s’écrie : « Père, devant toi s’anéantissent mes jours ». Notons l’effet troublant qui se dégage après le crescendo, et l’arrêt subit de l’ensemble des voix s’éteignant sur les mots « Un rien ».

Tout ce qui suit est très dramatique, jusqu’à la courte et adorable phrase en majeur « J’espère en toi seul », dans laquelle

  1. Ce morceau pourrait être comparé au beau Lied de J. Brahms : A la pluie (op. 50)