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harmonies préférées par Brahms, remplies d’un sentiment profond. La mélodie, soutenue un moment par les accompagnements en triolets, sorte de pulsation de l’orchestre, s’épanouit adorablement sur les mots : « avec allégresse moissonneront ». Après une interruption du chœur, pendant laquelle les violoncelles font entendre à nouveau le motif de l’introduction, les voix s’éteignent mélodieusement et pianissimo : « Bien heureux, bien heureux ». Enfin le premier chœur reparaît pour s’achever dans une courte et belle apothéose, avec l’intervention des harpes. Dans cette première partie, il est à remarquer que l’auteur a supprimé totalement les violons pour ne laisser apparaître, comme instruments à cordes, que les violoncelles et altos, et donner ainsi à l’ensemble de la trame musicale un caractère plus grave et plus solennel.

N°2. Chœur. — Le petit prélude orchestral en mode de marche à ¾ et exécuté mezza voce, est d’une sonorité grave et caressante tout à la fois, avec l’emploi presque constant des contrebasses en pédale et l’intervention des timbales. Il rappelle beaucoup telle ou telle page très caractéristique de Brahms, surtout dans les traits en trois croches liées des violons et des altos : c’est pour ainsi dire la signature, le monogramme du maître. Elle se développe gravement cette belle marche, pendant que le chœur, dans un superbe lamento, exprime cette triste et sombre idée : « Car toute chair est comme l’herbe et toute gloire humaine est comme l’humble fleur de l’herbe ».

La seconde partie (Lettre C), d’un mouvement plus animé « Soyez patients mes bien aimés » contraste vivement avec la précédente ; toutes deux forment une antithèse très marquée de la félicité et de la douleur. C’est un frais lied, dans le style d’un Noël plein de naïveté, comme Brahms en a laissé si souvent et si heureusement échapper de sa plume. Voilà une note, toute particulière, s’éloignant absolument, aussi bien par la forme