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d’orgue, les Motets (op. 29) pour chœur à cinq parties sans accompagnement, le Geistliche Lied de P. Flemming (op. 30) et enfin les Chœurs religieux pour voix de femmes.

Dans toutes ces œuvres, le maître de Hambourg a su allier les formes les plus sévères au charme qui se dégage des ressources de l’harmonie moderne. Il y a imprimé une note très personnelle, très suggestive ; il était préparé à ces travaux semi-religieux par les études empreintes de gravité auxquelles il s’était livré avec passion dès la prime jeunesse et qui devaient le conduire au but le plus élevé de l’art musical. Il est utile d’ajouter que la plupart de ces compositions n’ont pas été conçues par l’auteur dans le but d’être exécutées à l’église. Quelques-unes, notamment les Marienlieder, ne sont qu’une traduction aussi fidèle que possible du texte, de ces antiques chansons pieuses, qui font songer aux madones de Memling, de Van Eyck ; elles en donnent le sens intime, dégagé de tout caractère liturgique.

« Le Requiem allemand, a très justement dit le regretté Léonce Mesnard, dans sa belle étude sur Johannès Brahms[1] n’est pas franchement sécularisé comme les compositions du même ordre, développées ou fort abrégées, qui portent le nom de Schumann ; il n’a pas non plus reçu l’empreinte liturgique que portent, expressément quoique diversement marquée, les chefs-d’œuvres de Mozart, de Berlioz, de Verdi. Tout à fait religieuse par le choix des textes qu’elle adopte pour les traduire, l’œuvre est traitée avec la liberté relative impliquée par le fait même d’un choix qui réunit ces textes, recueillis çà et là dans l’Écriture. Au lieu d’une nouvelle interprétation musicale du sombre office catholique, c’est comme un harmonieux rituel formé d’élévations consolantes et de méditations chrétiennes sur ce triple sujet, la Vie, la Mort, l’Éternité. Les chants qui se

  1. Essais de critique musicale. — Hector Berlioz, Johannès Brahms, — librairie Fischbacher, 33, rue de Seine.