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carrière, fervent disciple du vieux cantor de l’église Saint-Thomas de Leipzig, maître de son métier comme l’étaient les plus grands maîtres du passé, ne laissant échapper de sa plume que des œuvres mûrement élaborées, puisant ses inspirations aux sources mêmes de la Nature, – quand on admire sa belle tête, si puissamment intelligente, – on ne peut que penser à celui qui fut le Michel-Ange de la Symphonie, à Beethoven, et aussi au chantre du Paradis et la Péri, de Faust, à cette splendide organisation qui fut Robert Schumann.

On s’explique alors les paroles prophétiques du maître de Zwickau : « Il est venu cet élu, au berceau duquel les grâces et les héros semblent avoir veillé. Son nom est Johannès Brahms; il vient de Hambourg...Au piano, il nous découvrit de merveilleuses régions, nous faisant pénétrer avec lui dans le monde de l’Idéal. Son jeu empreint de génie changeait le piano en un orchestre de voix douloureuses et triomphantes. C’étaient des sonates où perçait la symphonie, des lieder dont la poésie se révélait, des pièces pour piano, unissant un caractère démoniaque à la forme la plus séduisante, puis des sonates pour piano et violon, des quatuors pour instruments à cordes et chacune de ces créations, si différente l’une de l’autre qu’elles paraissaient s’échapper d’autant de sources différentes...Quand il inclinera sa baguette magique vers de grandes œuvres, quand l’orchestre et les chœurs lui prêteront leurs puissantes voix, plus d’un secret du monde de l’Idéal nous sera révélé.... »

Avant d’aborder le Requiem allemand, Johannès Brahms avait déjà fait plusieurs essais dans le genre religieux. C’est ainsi qu’il avait composé le petit Ave Maria (op. 12) pour voix de femmes, le Chant des Morts (op. 18) pour chœur et instruments à vent, les Marienlieder (op. 22), le 23e Psaume (op. 27), pour voix de femmes à trois parties avec accompagnement