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en scène, c’est que la musique seule la rendrait possible. Seule, elle pourrait faire sortir de l’abîme l’image rayonnante d’Hélène et faire résonner la lyre et la voix d’Euphorion. Le même fait que nous avons noté à propos de la tragédie d’Eschyle et de Sophocle revient s’imposer à nous : dès que le drame s’élève aux plus hautes sphères, il réclame la musique et demeure incomplet sans elle.

« Si cette vérité nous frappe à chaque instant dans le premier et le second Faust, elle éclate avec force à la conclusion du poème. Après la mort de son héros, Gœthe sentait le besoin de nous donner la substance idéale de sa vie en une image grandiose et de nous emporter, pour conclure, aux régions les plus pures de la pensée et du sentiment. C’est pour cela qu’il fait descendre le ciel sur les cimes de la terre et nous représente la transfiguration de Faust parmi les saints et les anachorètes campés dans des gorges montagneuses qui avoisinent l’éternel azur..... Ici nous n’approchons plus seulement de la musique, nous y voguons à pleines voiles. Dans ces rythmes fluides, dans ces extases débordantes, ces ivresses d’amour et de sacrifice, nous sentons déjà les élancements de la mélodie et les effluves de la symphonie...............

« .....Là, dans cette région sublime, où Faust est accueilli par l’âme transfigurée de Marguerite, où les splendeurs mêmes du monde visible s’évanouissent et ne semblent plus que des symboles passagers, là ou l’Éternel Féminin flotte au-dessus des dernières cimes sous la figure rayonnante de la Mater gloriosa et attire les âmes en haut par la force de l’amour, — là aussi règne le souffle tout puissant de la musique. »