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Il en est de même de toute œuvre d’art qui porte en soi une vertu souvent ignorée de son créateur. Gœthe, en chantant la gloire divine, pouvait-il prévoir qu’il transmettrait à un illustre traducteur, Robert Schumann, cette céleste étincelle, cette flamme intérieure, nécessaires pour conduire la pauvre âme de Faust de ciel en ciel et pour glorifier l’Éternel Féminin avec ces harmonies qui semblent nous transporter dans la région du rêve, en des Élysées ignorés.

Il faudrait citer, dans leur entier, les belles pages qu’un poète, un philosophe de haute envergure, M. E. Schuré, a consacrées, dans le Drame musical, au Faust de Gœthe.

Nous en détacherons le fragment suivant, qui sera la conclusion la plus éloquente que nous puissions imaginer de notre étude sur la partition de R. Schumann et sur la réunion nécessaire de la poésie et de la musique impliquée par le second Faust :

« La poésie est revenue, avec Shakespeare, à la mimique vivante et persuasive ; avec le Faust de Gœthe elle revient aussi à la musique, ou du moins elle y touche. Quoique l’ensemble du poème se maintienne dans la langue du drame parlé, l’appel pressant de la poésie à la musique n’est nulle part plus sensible qu’ici. Comment nous représenter sans musique l’évocation de l’Esprit de la Terre, la matinée de Pâques et tant d’autres scènes ? Si la seconde partie de la tragédie se dérobe à la mise