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L’épisode des « Rases effeuillées [1] » ne reporte-t-il pas le souvenir à la pléiade des peintres de l’école mystique, dont Fra Angelico fut le chef, surtout à Sandro Botticelli [2], ce disciple de Savonarole, — à ses œuvres toutes empreintes d’une poésie mélancolique qui « chante au fond de l’âme et longtemps y résonne en doux et mélodieux accords ». Sans parler de cette œuvre de grâce, de cette fleur de rêve, l’Allégorie du Printemps, une des pages parmi les plus belles et les plus suggestives du maître, à l’Académie des beaux-arts de Florence, voyez au musée du Louvre, dans la salle réservée aux primitifs de l’Italie, l’adorable vierge entourée de l’enfant Jésus et de saint Jean. Comme la mysticité se révèle dans les doux et naïfs regards des deux enfants, dans les lignes si pures du visage ! C’est dans un nimbe d’or et de roses que s’estompe l’angélique figure de la Vierge, avec les yeux baissés, presque clos, ses beaux cheveux blonds à peine dissimulés sous une gaze blanche, d’une transparence aérienne. En plaçant cette scène divine dans un jardin fleuri de roses qui font cortège à la « Mater gloriosa », Botticelli a encore ajouté une note plus troublante à cette œuvre, la genèse même de l’art toscan.

Et ces enfants bienheureux ne font-ils pas songer à ce bel enfant du tableau de Ghirlandajo, également au musée du Louvre [3] ? Quelle intensité d’expression dans la tête de cet adolescent aux boucles blondes tombant

  1. C’est sous une pluie de roses que les anges, voulant ravir l’âme de Faust à l’enfer, ensevelissent Méphistophélès et la troupe des démons.
  2. Filipepi (Alessandro) dit Sandro Botticelli (1447-1515), École florentine.
  3. Portrait d’un vieillard et d’un enfant. Ghirlandajo (1449-1494), École florentine.