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Schumann ou de Johannès Brahms, a très justement écrit au sujet de cette succession des enfants bienheureux, des anges novices et des anges accomplis qui représentent, tous les degrés de la nature céleste : « Vienne le moment où, sur les traces de l’auteur de Faust, Schumann fera monter ces petits, ces humbles, de la bouche desquels Dieu reçoit ses meilleures louanges, tout près du Créateur des mondes, ou bien les associera à l’adoration de l’Éternel féminin, — avec quelle fraîcheur d’accents la pureté préservée de l’enfance se distinguera de la pureté reconquise des âmes tendrement repentantes dans le Chœur mystique. Et comme, parmi ces ravissements célestes, se glisse un reflet idéal de cette aimable timidité de l’enfant, si avide de pardon que, le recevant, il n’ose y croire [1]. » La première partie du chœur des enfants bienheureux a toute la grâce naïve d’un Noël, que relève un sentiment bien romantique.

Le chœur des anges, planant dans les plus hautes sphères et portant la partie immortelle de Faust, est, lui, un merveilleux hosanna, célébrant la délivrance du héros et sa bienvenue dans l’empyrée. Puis survient ce délicieux épisode, d’une fraîcheur printanière « De ces roses effeuillées », chanté par le soprano solo et repris par le chœur. C’est une page digne d’être comparée aux plus beaux Lieder, émanant de la plume de Robert Schumann. Remarquez quelle légèreté donne au thème principal, à la divine mélodie, l’accompagnement à contre-temps, et comme ce thème, coupé par le tutti, se représente toujours avec grâce !

  1. Léonce Mesnard, Étude sur Robert Schumann, p. 18 et 19.