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travers un faible intervalle de seconde. En l’absence de tout lien mélodique, elles ont l’air d’être suspendues et de ne reposer sur rien. Le mouvement alternatif de contraction et de dilatation qui règle leur marche est tout-à-fait comparable au mouvement incertain du regard lorsque, porté au loin ou ramené au plus près parmi de vastes espaces muets, il ne trouve pas un endroit qui l’attire ou l’engage à se fixer [1]. »

Ce merveilleux chœur « Le vent dans la forêt », d’une si majestueuse douceur, d’un contour si gracieux, accompagné par des batteries en triolets doit être exécuté lentement, comme l’indique du reste la partition. La nature n’est-elle pas présente dans ce splendide décor musical ? Quelle atmosphère de mysticité dans ce tableau de saints anachorètes chantant, dans la solitude, les douceurs d’une vie patriarcale et honorant le mystère sacré de leur retraite.

Le chant passionné du « Pater extaticus », qui se relie au chœur précédent, est délicieusement accompagné par le violoncelle solo, dont les traits en croches liées enlacent pour ainsi dire la mélodie divine, qui fait songer aux plus beaux Lieder du maître. C’est une page d’une brûlante extase, dans laquelle il faut signaler la progression ascendante, principalement dans la phrase en majeur, se répétant par deux fois :

  1. Léonce Mesnard, Étude sur Robert Schumann, p. 41 et 42.